Queue et oreilles de chien coupées : pourquoi ces pratiques font polémique This article is verified by a vet

C’est l’un des sujets les plus controversés en matière de bien-être animal : la coupe des oreilles (otectomie) et de la queue (caudectomie) chez le chien. En quoi consistent ces pratiques et pourquoi suscitent-elles autant de débats ? Dans cet article, on fait le point sur les raisons de ces mutilations qui peuvent porter atteinte au bien-être du chien et sur les réglementations qui les encadrent aujourd’hui.

jeune dobermann avec oreilles et queue coupées

Un « idéal de beauté » discutable : la coupe des oreilles ou de la queue des chiens est particulièrement répandue chez les dobermans.

Qu’est-ce que la caudectomie chez les chiens ?

Le mot caudectomie vient du latin cauda, qui signifie « queue », et du grec ektomē, « ablation ». Il désigne donc l’ablation partielle ou totale de la queue chez le chien. Cette pratique s’inscrit dans un ensemble plus large, qui inclut aussi parfois la coupe des oreilles. 

Quelle est l’origine de la coupe de la queue et des oreilles ?

Cette pratique remonte à plusieurs siècles. Elle concernait surtout les chiens de chasse ou de combat, pour lesquels l’ablation des oreilles et de la queue visait à éviter les blessures sur le terrain. 

Aujourd’hui, ces mutilations sont le plus souvent pratiquées pour des raisons esthétiques, au détriment du bien-être de l’animal. 

Comment se déroule la coupe des oreilles d’un chien ? 

Comme toute intervention chirurgicale, la coupe devrait être réalisée sous anesthésie. Ce n’est toutefois pas toujours le cas, notamment dans certains pays où les réglementations sont plus souples. 

La technique chirurgicale utilisée varie selon la zone concernée : 

  • Queue : le vétérinaire incise la peau en cercle autour de la base de la queue, puis sectionne les tissus entre deux vertèbres. 
  • Oreilles : un modèle est utilisé pour guider la découpe : les oreilles sont fixées dans un dispositif métallique avant que le vétérinaire ne retire les extrémités avec un scalpel. 

Dans les deux cas, des vaisseaux sanguins et des nerfs sont sectionnés, ce qui peut provoquer des douleurs persistant plusieurs semaines après l’intervention. 

À quel âge la caudectomie est-elle réalisée ?

La coupe de la queue a généralement lieu très tôt, le plus souvent autour de l’âge de sept semaines. Une caudectomie chez un chien adulte est beaucoup plus rare, car elle implique une chirurgie plus lourde et des risques accrus de complications.

Pourquoi coupe-t-on la queue et les oreilles des chiens ?

Plusieurs raisons sont invoquées pour justifier la caudectomie et l’otectomie, mais outre les cas médicaux, ce sont surtout des motivations esthétiques qui prédominent. En effet, certains éleveurs estiment qu’un chien à la queue ou aux oreilles coupées présente une allure plus « harmonieuse » ou plus proche des standards historiques de la race. 

Une autre raison souvent avancée concerne la prévention des blessures, notamment chez les chiens utilisés pour la chasse ou certaines disciplines sportives. L’idée est que des oreilles ou une queue raccourcies limiteraient les risques d’accrochage dans la végétation par exemple. 

Quelles races sont le plus concernées par la coupe ? 

La caudectomie et/ou l’otectomie sont particulièrement répandues chez certaines races. On les retrouve notamment chez : 

  • Le Dobermann
  • L’American Staffordshire Terrier
  • Le Boxer
  • Le Dogue
  • Le Pinscher
  • L’American Pit Bull Terrier
  • Le Schnauzer 

Force est de constater que bon nombre de ces races sont traditionnellement associées aux chiens dits « de combat ».

Kangala avec les oreilles coupées © Martina Stumpp / stock.adobe.com
L’ablation des oreilles a beau être courante chez certaines races, elle reste très controversée.

Pourquoi ces pratiques font-elles polémique ?

Comme la brachycéphalie, l’ablation de la queue ou des oreilles chez les chiens suscite de vives critiques, notamment au regard du bien-être animal. Plusieurs raisons expliquent cette controverse. 

Une communication perturbée 

Chez le chien, chaque partie du corps joue un rôle : la queue et les oreilles sont essentielles à la communication. Elles permettent au chien d’exprimer ses émotions, de signaler ses intentions à ses congénères, mais aussi de dialoguer avec les humains. 

Un chien privé de sa queue est donc désavantagé dans ses interactions. Cela peut entraîner des malentendus, des tensions avec ses congénères, voire l’apparition de troubles du comportement comme l’agressivité. 

Des risques pour la santé 

Au-delà de l’impact sur la communication, la coupe peut aussi avoir des conséquences médicales. Comme toute chirurgie, elle comporte un risque de complications : infections, saignements ou mauvaise cicatrisation. 

Certaines complications sont plus insidieuses. Des chiens mutilés peuvent souffrir de douleurs fantômes (des douleurs persistantes dans la zone de la queue retirée) qui peuvent durer toute leur vie. 

Des troubles de la coordination 

La queue n’est pas qu’un outil de communication : elle joue aussi un rôle dans l’équilibre. Lorsqu’il court, saute ou change de direction, le chien s’en sert comme balancier. 

Sans queue, la coordination est altérée. Certains chiens dépourvus de queue rencontrent donc des difficultés à pratiquer des activités sportives comme l’agility.

Chien qui n'a pas subi de caudectomie en pleine séance d'agility © Jne Valokuvaus / stock.adobe.com
La queue aide le chien à garder son équilibre dans les sports canins tels que le slalom.

La caudectomie et l’otectomie sont-elles autorisées en Suisse ? 

En Suisse, la coupe de la queue (caudectomie) et des oreilles (otectomie) chez le chien est interdite, sauf dans des cas très stricts justifiés par une nécessité médicale. Ces pratiques sont considérées comme des mutilations non nécessaires et sont prohibées par l’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn), qui encadre les interventions chirurgicales sur les animaux.

Qu’en est-il des chiens à la queue et/ou aux oreilles déjà coupées ? 

La Suisse a une réglementation très stricte concernant l’introduction sur son territoire de chiens avec queue ou oreilles coupées : 

L’importation de chiens ayant subi une caudectomie ou une otectomie est en principe interdite, même si l’intervention a eu lieu à l’étranger. Seules des exceptions très limitées existent : chiens apportés par des personnes résidant à l’étranger pour un séjour temporaire (vacances ou court séjour) ou chiens importés lors d’un déménagement avec leur propriétaire, à condition que les formalités requises soient respectées.

Pour les chiens importés malgré tout (par exemple dans le cadre d’un déménagement ou d’un séjour prolongé), il faut prévenir l’autorité cantonale compétente et fournir des documents démontrant que l’intervention était médicalement justifiée ou qu’il s’agit d’une queue courte congénitale. Sans cette preuve, le chien ne peut légalement être introduit.

Une fois en Suisse, ces chiens ne peuvent pas être montrés ou exposés dans des compétitions ou mis en vente s’ils ont subi une coupe qui viole la législation suisse.

Ces dispositions visent à empêcher que des propriétaires contournent l’interdiction en faisant opérer leurs chiens à l’étranger pour ensuite les ramener en Suisse.

Et ailleurs dans le monde ? 

Comme en France, la tendance est à l’interdiction de ces mutilations dans une grande partie de l’Europe et dans de nombreux autres pays. Dans plusieurs juridictions, ces pratiques ne sont autorisées que pour des motifs médicaux reconnus par un vétérinaire, tandis que d’autres pays continuent à tolérer la caudectomie ou l’otectomie à titre esthétique ou traditionnel. Selon la destination, certains éleveurs ou propriétaires peuvent se rendre dans des pays où ces pratiques restent légales pour y faire pratiquer ces interventions, un phénomène souvent qualifié de « tourisme de coupe », dénoncé par les associations de protection animale. (Informations générales, tendances internationales, non exhaustif) 

Dans quelles conditions la queue d’un chien peut-elle être coupée ? 

En Suisse, la coupe de la queue ou des oreilles chez le chien est en principe interdite, même pour des raisons esthétiques ou traditionnelles. L’Ordonnance sur la protection des animaux (OPAn) dispose clairement que la caudectomie et l’otectomie sont prohibées, sans distinction de motifs comme l’esthétique ou la chasse : de telles interventions ne peuvent être réalisées que si elles sont strictement justifiées pour des raisons médicales reconnues. 

Raisons médicales seulement 
Contrairement à certaines législations qui prévoient des dérogations spécifiques, la loi suisse n’accorde pas de dérogation générale pour la caudectomie à des fins non médicales. En pratique, cela signifie que la queue d’un chien ne peut être coupée que si un vétérinaire établit une nécessité médicale documentée, par exemple en cas de tumeur, de traumatisme grave ou autre pathologie clairement identifiée. Toute autre justification (esthétique, mode ou utilité mineure) n’est pas admissible en droit suisse. 

Intervention vétérinaire et conditions 
Dans le cadre d’une indication médicale, l’intervention doit être réalisée par un vétérinaire, conformément aux bonnes pratiques vétérinaires, avec les soins, l’anesthésie et la gestion de la douleur adaptés à l’état de l’animal (comme pour toute intervention chirurgicale classique). En Suisse, la prise en charge de la douleur et les règles d’intervention sont strictement réglementées par la loi sur la protection des animaux et les directives vétérinaires. 

Pas de dérogation chasse 
Contrairement à la France où des textes anciens prévoyaient une dérogation limitée pour certains chiens de chasse, la Suisse ne reconnaît pas une telle exception dans son cadre légal. La loi ne prévoit pas d’autorisation spécifique pour couper la queue des chiens destinés à la chasse ou à d’autres activités, même s’ils sont exposés à des risques de blessures. Toute coupe doit être justifiée strictement sur des bases médicales. 

Combien coûte une caudectomie ? 

Comme en France ou ailleurs, le coût d’une caudectomie pour raison médicale en Suisse dépend de plusieurs facteurs : la clinique vétérinaire choisie, l’âge et la taille du chien, la complexité de l’intervention, la durée de l’hospitalisation et les soins post-opératoires (antidouleurs, contrôles, etc.).


Dr Franziska G., Vétérinaire
Profilbild von Tierärztin Franziska Gütgeman mit Hund

À l'université Justus-Liebig de Gießen, j'ai suivi une formation de vétérinaire où j'ai pu acquérir une certaine expérience dans divers domaines, tels que la médecine dédiée aux petits et grands animaux, la médecine exotique, la pharmacologie, la pathologie et l'hygiène alimentaire. Depuis, je n'ai pas seulement travaillé en tant qu'auteur vétérinaire. J’ai également travaillé sur ma thèse qui a été influencée scientifiquement. Mon objectif est de mieux protéger les animaux contre les agents pathogènes bactériens à l'avenir. En plus de mes connaissances, je partage mes propres expériences en tant que propriétaire de chien et je peux ainsi comprendre et apaiser les craintes et les problèmes, ainsi que d'autres questions concernant la santé animale.


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